À la conquête d’Amsterdam

Le monde entier s’accordera sur le manque d’originalité du sujet, certains quitteront bientôt le blog là où d’autres n’ont même pas pris la peine de lui laisser sa chance. Quoi qu’il en soit, ce premier article marque le début de mes récits.
Motivé par l’idée réconfortante de m’évader loin de l’amertume quotidienne après plus d’un an sans réelles vacances, je partais en quête de mon Eldorado. Le vent dans les toiles d’araignée de mon porte-feuille d’étudiant sifflait dans l’echo du vide : « reste dans le coin, c’est la hess ici bas » tandis que j’orientais mon intérêt vers les pays limitrophes. Corrélant la période de fin de mes études aux périodes propices à la visite des pays voisins, Amsterdam et sa saison des amours me faisaient de l’oeil, l’opportunisme de mon foie m’encourageant à fuir l’Oktoberfest pour cette année. L’occasion rêvée de faire ressurgir la romance de ce coeur de pierre solitaire, longeant les canaux auprès de ma douce dans la contemplation de l’architecture et de l’environnement traditionnel de la ville derrière ses derniers feuillages estivaux chaleureusement mêlés aux premières couleurs de l’automne. Sublimant l’ensemble, le mois d’octobre figure paradoxalement parmi les moins pluvieux malgré sa saison automnale refoulant toute influence touristique. Belle aubaine !
Voyage et préparatifs
Ainsi nous apprêtions nous à découvrir la capitale hollandaise le temps d’une semaine automnale d’octobre, du septième au treizième jour de ce mois.
Qu’importe l’implication vouée à la préparation d’un voyage, la tâche demeure souvent chronophage et du temps, nous ne tardions pas à en manquer, louanges à nos natures dissipées et procrastinatrices. Heureusement, ou malheureusement d’ailleurs, nous n’étions pas prêts d’arriver avant une bonne vingtaine d’heure, entre le temps prévu du trajet et le retard de notre Flixbus. Optimistes, nous en profitions donc pour finaliser nos réservations et combler les trous dans nos emplois du temps comme on bâcle un DM de mathématiques en tailleur devant la salle, le temps d’une récréation.
Notre monture arrive finalement à quai à 11h avec 2h de retard, réduisant l’écart avant notre première réservation à seulement 30 minutes. Je pose mon premier pas sur le sol hollandais accueilli par l’odeur des dernières taffes des touristes en partance. Nous sommes à Sloterdijk, au Nord-Ouest de la capitale, et ce trip débute en direction du Westerpark.
Volkstuincomplex Nut & Genoegen, jardins communautaires
Des cabanes surgissent des profondeurs d’un jardin communautaire encerclé d’eau voilée à l’ouest d’Amsterdam, chaque parcelle dissimulant sa voisine par son positionnement hasardeux. Dissimulé dans le Westerpark, ce labyrinthe vert constituait l’une des premières étapes de notre périple aux Pays-Bas, affichant en ses portes : « DON’T BELIEVE GOOGLE MAPS, YOU CAN’T TRAVERSE THE PARCS UNTIL THE END! »
Challenge accepted. Traversant le désert fortifié de cette Comté hollandaise dans l’unique but d’en défier les avertissements, un quart d’heure suffisait à me faire rebrousser chemin sous le regard intrigué des seules vies animales qui régnaient là. (Mais vous pouvez toujours essayer, j’ai peut-être menti 🤷🏻♂️).
Les briques rouges se multipliaient à nos yeux tandis que nous quittions progressivement le parc. Longeant l’architecture atypique des bâtiments, l’apparition d’un premier canal annonçait l’imminence de notre arrivée en ville.
Amsterdam Catacombs (Posthoornkerk), escape room
Des bruits courent à Haarlemmerstraat. Les journaux rapportent les présences paranormales qui errent en ses abysses. Là où les locaux n’osent pénétrer, parmi les reliques, les ossements, la poussière, les toiles et les rats qui y ont élu domicile. Surplombant le cœur de la rue commerçante, la Posthoornkerk constituait la demeure du mal dissimulé dans l’ombre de ses catacombes. « My soul is sacred » prononçais-je aux grilles de l’église néo-gothique qui ne tardait pas à m’ouvrir les portes d’une sombre investigation aux issues infernales.
Aujourd’hui désaffecté, cet ancien lieu de culte notamment bâti en 1861 par l’architecte du Rijskmuseum héberge désormais l’une des escape rooms les plus réputées du continent. Du genre horrifique, ce scénario si sincèrement conté mêlant le réalisme des décors à l’excellence des jeux d’acteurs immerge même les âmes les plus froides, instaurant une certaine confiance à jouer son rôle. Recommandation totale pour ce qui représentait certainement l’activité la plus chère de notre séjour. Totally worth it.
Ons’ Lieve Heer op Solder, une église sous les combles
Un homme acquiert une maison bourgeoise du XVIIe siècle au centre d’Amsterdam. Empêché d’exercer sa foi en ces temps où le culte catholique se voyait interdit aux Provinces-Unies, il entreprend clandestinement la reconversion des trois derniers étages de sa demeure entre 1661 et 1663. Lorsque que son existence parvient à la conscience du gouvernement protestant, il rétorque par l’imposition étonnante d’une politique de tolérance envers les autres religions, ce qui vaudra à l’église son titre national de symbole de la liberté religieuse. À l’érection de la Basilique Saint-Nicolas d’Amsterdam en 1887, l’église rendue obsolète devient alors Ons’ Lieve Heer op Solder (Notre-Seigneur au grenier), second musée d’Amsterdam après le Rijskmuseum.
Outre les richesses d’une maison hollandaise de l’Âge d’Or, ni l’intérieur, ni l’extérieur de la demeure de Jan Hartman ne laissent deviner l’église dissimulée en ses combles par leur banalité, la maison intégrant parfaitement son voisinage. Au jour de ma visite, cinq années suivant sa rénovation complète, elle se présente sous son aspect le plus fidèle, arborant notamment son rose originel : « caput mortuum » (littéralement « tête de mort »).
Interpellés à la sortie du musée pour rendre les audioguides à côté desquels nous étions vraisemblablement passé, nous repartions de plus belle, n’en ressortant finalement qu’au crépuscule, une trentaine de minutes plus tard, concentrant notre second tour seulement sur les éléments principaux.
Hey Gordooooooon !
Comme la première journée demeure souvent la plus crevante et que nous avions passé la nôtre chargés comme des mules, nous avons préféré rentrer plus tôt pour prendre nos marques chez notre hôte, Gordon. Rejoignant Amsterdam Centraal par la Basilique Saint-Nicolas avec un détour vers la Tour des Pleureuses, cueillant quelques gaufres et frites hors de prix en guise de souper, nous rejoignions le tramway direction Amstelveen.
Contraints par le temps et les tarifs des dernières réservations disponibles à Amsterdam, Amstelveen constituait la meilleure des quelques alternative par sa proximité. Ville limitrophe du sud de la capitale, elle s’est d’ailleurs avérée parfaitement desservie par les transports en commun, contre toute attente d’ailleurs puisque nous comptions initialement palier à la problématique des trajets allers-retours par la location de vélos. Gordon nous accueillait alors dans l’une des trois chambres de sa maison, les deux autres étant occupées par d’autres touristes. Dans un quartier tranquille, proche d’un arrêt de tramway, nous passions l’ensemble des nuits de notre séjour malgré le scepticisme occasionné par cette découverte d’Airbnb, à l’étranger et dans une chambre ouverte en notre absence qui plus est. Par l’altruiste bienveillance de notre hôte exprimée par un plateau de bienvenue ainsi que les astuces et recommandations transmises la veille de notre arrivée, toutes les craintes ne tardèrent pas à laisser place à une entière confiance vis-à-vis de l’hôte et des autres habitants. Nous nous installions alors, l’esprit tranquille, allégeant nos sacs dans la commode, entreposant tout ce qui ne nous était pas nécessaire durant la journée.
Bonus : Coffeeshops
Bon d’accord, j’ai un peu fait l’impasse sur quelque chose dans mon intro… Mais vous vous en doutiez, non ? Rares sont ceux qui séjournent véritablement à Amsterdam pour la seule richesse de ses musées et, n’ayant pas contribué à inverser la tendance, vous m’en voyez navré de vous décevoir. Fumeur depuis plus de cinq ans, j’ai renoncé à racheter un paquet quelques mois avant ce trip, réconforté par l’idée d’accorder une digne fin à cette fumisterie. Aussi me permets-je de factoriser toutes mes expériences en un bonus, rallongeant ce premier chapitre.
Sans absolument aucune prétention vis-à-vis de mes prochaines recommandations. D’après une expérience d’ex consommateur français lambda, je me baserai non pas sur la qualité du menu mais seulement sur le feeling de l’endroit et de l’ambiance qu’il transparaît, n’ayant de toute façon expérimenté qu’une variété commune, la Silver Haze contenue dans la majorité des purs pré-roulés. Quoi qu’il en soit, je ne fais l’apologie d’aucune substance illicite, n’étant moi-même plus consommateur, et décourage quiconque d’essayer quoi que ce soit. Les mauvaises expériences n’arrivent pas qu’aux autres. N’y voyez donc que l’expérience d’un simple touriste dévergondé comblant le vide entre chaque visite de musée.
Voici donc mes quelques mentions honorables :
– Popeye Coffeeshop pour son ambiance simple, tranquille, ses airs d’épicerie conviviale et sa mezzanine qui laisse une impression de mise à part tout en ouvrant la vue sur l’ensemble du café et des passants.
– Voyagers Coffeeshop pour son concept d’hôtel à fume à l’angle d’une rue bordant les canaux.
– Club Media Coffeshop pour mon premier spacecake, un brownie tout à fait standard.
– African Black Star Coffeeshop pour le meilleur spacecake de ce séjour, un alliage de popcorns caramélisés plutôt bien chargé.
– Amnesia Coffeeshop pour son grandma’s cake avant le concert de Sleep (on y reviendra un peu plus tard).
– Enfin, mon préféré, Abraxas Coffeshop. L’étage donnant sur une ruelle illuminée par les néons des diverses enseignes ensorcelées du shop. Un cadre envoûtant sans pareil.
The Bulldog Coffeeshop et Paradox alors ? Bah mine de rien c’est souvent sur ceux qu’on apprécie le moins qu’on s’attarde le plus. J’ai préféré agrémenter le post de leurs belles enseigne mais, comme pour Barney’s Coffeshop et Green House, je me sentais oppressé par l’omniprésence des touristes comme par le sentiment de me retrouver à bord d’une croisière, cernés par les acteurs d’un tourisme réduisant la ville au simple berceau européen de la fume légale.