Introduction

On m’a élevé comme une fierté personnelle, une énième gâterie nourrissant l’égo d’un couple partiellement dominé par l’admiration de son entourage, cette même moitié qui voyait son ambition contre-balancée par le réalisme de l’autre. Loin de vouloir dénigrer les intentions plus ou moins bienveillantes de chacun qui s’en sont, pour la plupart, avérées malsainement influencées. Bien qu’on ne m’aie jamais forcé à quoi que ce soit, on m’a trop souvent dissuadé de choisir par moi-même et comment accepter de risquer un amour parental intimement établi comme le centre d’un « tout » par une éducation religiocentrique ?
« Qu’est-ce que tu voudrais faire plus tard ? »
J’ai grandi avec une vision hypocrite de cette célèbre question qui raisonne dans l’esprit égaré de tous les gamins. Contrairement à la plupart d’entre eux, j’avais des passions. À défaut d’avoir des amis, j’avais des livres, des VHS, des DVD, des jeux-vidéos et plus tard internet. Rarement emballé par les œuvres réalistes et la sci-fi, pourtant populaire en ces temps, je préférais comme beaucoup d’adolescents de mon âge l’heroic–fantasy et ses clichés, découvrant Tolkien à la sortie du Seigneur des Anneaux avant de tomber sous l’emprise de World of Warcraft. Des années passées à « farmer » le jeu sans relâche, j’attachais une valeur particulière à cette seconde vie plus riche et épanouissante, sur le plan social notamment. L’explication se résumait concrètement en une perte d’estime pour l’environnement humain dans lequel je m’étais égaré à défaut d’avoir pu orienter mon avenir vers les voies plus manuelles, primitives et pérennement risquées qui m’intriguaient alors.
Quand la réalité revient au galop pour briser les illusions et qu’il est temps de choisir une orientation tandis que la neutralité du choix d’une filière générale n’est plus une solution envisageable, la remise en question devient le seul recours. Abstinence faite sur toutes mes réflexions, j’ai fini par trouver un compromis : devenir développeur. Je finirais derrière un bureau avec un job décent et bien payé tout en conservant l’assurance d’une place dans un marché demandant avec la consolation de garder cette proximité avec les jeux-vidéos… Après tout, quand on aime jouer à des jeux-vidéos on doit forcément s’épanouir à en concevoir, non ? (Non.)
La hâte des conclusions faites sur les amitiés bâties autours d’expériences vidéoludiques détourne souvent les véritables faits. Il s’agit simplement de distinguer un ami d’un collègue, d’ouvrir les yeux sur ce qui lie les deux parties. Et puisqu’on fréquente ses amis en dehors du travail et, en l’occurrence, hors des jeux-vidéos, j’ai souvent fait partie de communautés virtuelles dont la richesse des liens débordaient fréquemment sur la vie réelle de chacun. J’imagine d’ailleurs que c’est par ce filon que j’ai pu miner les minerais de ma vie sociale, ceux qui m’attirent aujourd’hui vers les autres, contraste d’une époque passée plus solitaire. Au fil du temps, du développement de mon libre arbitre et las de ma situation, j’ai pris du recul sur ma vie, saisissant la moindre opportunité d’explorer mes rêves virtuels, base de ma propre histoire, inspirée par les richesses du monde véritable.
Protagoniste d’une vie d’adulte monotone et déprimante originellement portée par des préceptes sociaux et sociétaux inadaptés au cas de votre serviteur, privilégiant le prestige d’un poste en dépit de l’épanouissement à exercer un métier potentiellement moins qualifié, je rêve aujourd’hui d’inverser la tendance. C’est ainsi par l’appât d’un projet de vie plus simple et d’une soif d’aventure que je lance ce blog, trace de ma quête d’accomplissements personnels…
… et de toute autre merde, hein. Vous êtes ici chez moi alors vous étonnez pas trop si je vous présente ma nouvelle lunette de chiottes ou le dernier collier de mon chien. Cya !